“Liquidation totale”
par David Pons
aux EDITIONS TENDRES
Préface par Henri Grandgarçon :
” Ça va vite, ça va très vite, c’est dense, chaque phrase est une véritable phrase. Entre la majuscule et le point, une voix a crié, un corps a pleuré. C’est un show en 1, 2, 3, 4 ou 5 actes. Si Vivaldi parle des saisons alors David parle de Vivaldi. C’est un cabaret. C’est un documentaire. C’est un récit. C’est un témoignage. C’est un appel. C’est ce que l’on pense y voir et ce que l’on veut y trouver. C’est d’abord la narration d’un été, qui se déploie sur une année. Pour autant, la météo est une matière textuelle modulable. Elle se donne du plaisir par le langage. Elle se baise et donne toujours naissance au décor de l’amour, oui. L’amour, justement, c’est lui, qui est liquidé, qui s’échappe, qui s’enfuit, qui a mal, mais qui veut encore, qui offre sa confiance. try again forever. L’amour, encore, c’est lui, qui se confond au sexe, à la tendresse, aux câlins du matin, aux bisous de la nuit. L’amour, sûrement, c’est lui, le réel flirte, avec l’écriture, le moteur poétique. Regarder d’où il vient, regarder où les autres le font aller.
Et puis comment se construire depuis Dustan, après Guibert, Ernaux…toujours à la suite de quelqu’un·e… Être un corps au-delà des monuments. Quand il a déboulonné les statues, quand il se retrouve avec ses poils et son iPhone. C’est un artisanat impossible, les réseaux sociaux lui donnent des réponses, des mots de passe, des indices. Alors le mimétisme, le copie collé, la volonté de faire mieux, toujours, avec sincérité. Alors il fait chaud, le soleil, le chagrin, et ça recommence. Ritournelle précaire, carrousel sexy, David écrit un abécédaire de la peine. Craintif, désireux, curieux, provocant, précis, coquin, gourmand. C’est évidemment de précarité dont il est question, d’une précarité sentimentale paradant en précarité économique. Avant le soleil, avant l’amour, avant le découvert. L’idéal poétique de David n’est sûrement pas la question de l’origine, mais du faire avec. Il y a ses musiques, il y a ses expos, il y a ses revues, il y a moi, il y a vous, il y a insta, il y a le job alimentaire, la chambre et le compte en banque. Ce qui s’apparente à un jeu n’est qu’un déplaisir sensible et nécessaire d’une issue de secours poétique à sa propre liquidation totale. “