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Il existe bel et bien une Culture Gay ou Queer. C’est une culture engagée et festive, une culture d’ouverture, d’exploration et de partage. Pourtant, pour beaucoup, cette question est irrésistible et avant d’écouter une réponse, on nous explique que tout va désormais très bien, que cet entrisme est dépassé. Un peu comme si les libertés acquises devenaient irrévocables. Le droit à l’avortement, les trans dans l’armée ou l’accès aux soins, les lois anti LGBT; la Slovaquie qui a voté un amendement constitutionnel qui ne reconnait que deux sexes; les lois anti-Pride de la Hongrie; les plus de 850 projets de lois anti-LGBTQIA+ déposés au U.S.A. dans ses différents états.
La dernière édition nous a proposé quelques très beaux témoignages, que vous retrouverez dans la rubrique témoignages. Mais on ne résiste pas à mettre en avant des textes écrits par des auteurs :

« Lorsque Gabriel Attal est nommé Premier ministre en janvier 2024, un collègue me dit : Est-ce vraiment nécessaire de mettre en avant sa sexualité ? L’important est qu’il sache faire le taf. Le collègue en question s’appelle Damien. Il est blanc, hétérosexuel et ne s’est donc jamais senti obligé d’expliquer à qui que ce soit pourquoi il aimait les filles. Une nuance. Il me dit : Les personnes LGBT+, je n’ai aucun souci avec elles. Mais la presse en fait trop. Dans la même presse je lis : Le 12 juin 2024, un jeune homme marche dans la rue, il reçoit un coup de poing au visage. L’agresseur lui crie : Sale pédé, t’es un trans. Ça se passe à Paris, ça se passe en France. En septembre 2024, les autorités géorgiennes annoncent enquêter sur la mort de Kesaria Abramidzé, célèbre influenceuse transgenre, assassinée deux jours après le vote d’une loi restreignant les droits LGBT+. Ça se passe en Géorgie, ce pays qui souhaite adhérer à l’Union Européenne. Enfin, une étudiante se voit condamner à l’équivalent de 5000 € d’amende en 2024 pour avoir posté, en 2019, cinq photos représentant le drapeau arc-en-ciel ou deux jeunes filles qui s’embrassent sur un réseau social. Ça se passe à Moscou, ça se passe en Russie. Damien me dirait que le prix du Roman Gay ne devrait pas exister, comme il n’existe pas de prix du Roman Hétéro. Mais tant qu’il est encore possible, dans ce monde, d’insulter, de persécuter, d’agresser ou de tuer un être humain pour ce qu’il est, pour ce qu’il souhaite être ou pour ses préférences sexuelles, le prix du Roman Gay ne peut pas ne pas exister. Et je suis heureux de le faire vivre, cette année, à travers mon roman. C’est un honneur. Merci au jury, à l’association Verte Fontaine, aux Éditions du Frigo, à Gérard Goyet à Stéphane et à toutes celles et ceux qui sont venus au Tango ce soir. Entre nous reste l’amour — et la littérature. » Sergueï Shikalov, auteur de « Espèces dangereuses » aux Editions du Seuil