2024082-La Salope


“La Salope”
par Nicolas Reading
aux EDITIONS L’AMOUR DES MAUX


Paris, Arthur la vingtaine multiplie les plans cul avec une avidité à toute épreuve. Homo défoulé, il doit aussi gérer son quotidien d’étudiant, ses relations avec sa famille et ses amis. Mais cela n’est pas évident lorsqu’on est une salope qui baise à tout va.
Au fil des pages, les failles d’Arthur se dévoilent et ça saigne en lui; le cœur meurtri, c’est avec son cul qu’il pe(a)nse ses plaies amoureuses.

« Le dimanche. Se lever quand le corps le souhaitait. Midi. Parfois plus tard. Rester dans le lit. Un film. Parfois deux. Téléphone coupé. Volets clos. Marilyn Manson en sourdine. Antéchrist Superstar. Étirer son corps. Félin. Sentir la chaleur envahir la chair. La caresser. Les tétons endurcis. Plus bas. La verge de sang gorgée se dessiner sous les draps. L’effleurer du bout des doigts. Frisson. Et l’empoigner fermement. Va-et-vient. Viens et va. Volupté. Et puis l’autre main. Long parcours sur le corps, s’alanguir à certains endroits. Frémir. S’étreindre seul. Sentir sa chair contre sa chair. Soupirs susurrés. Les yeux fermés. Des images. Celles d’un corps. Celui d’un homme. Évidemment, un homme. L’homme. Une tâche brunâtre. Pigments. Au-dessus des fesses. Souvenirs. Se caresser encore soi-même, tout en caressant l’autre en songe. Communion imaginaire. Amour défunt. Son membre. Le membre. L’avaler. Entendre encore les gémissements de l’autre résonner dans sa mémoire. Meurtrissures. Se faire du bien en pensant au mâle. Celui qui est parti. Qui ne reviendra plus. Celui qui faisait jouir, qui faisait vivre. Celui qui a laissé son empreinte. Une cicatrice. Suintante. Une plaie. D’autres images. Une pénétration. La main accélère la cadence. La verge prête à éclater. La main qui s’immisce dans la fente. Entrer et sortir. L’autre main s’agrippant au coup. Le souffle s’amenuisant pendant que les songes jaillissaient. Il le voyait en lui. Dans sa viande. Il était en lui. Mémoire sensorielle. Laide mémoire. Plus vite la main sur la verge. Plus serrée celle autour du cou. Proche de l’asphyxie. État second. Partir. Et actionner le frein, non pas pour le limiter mais pour le stimuler comme un clitoris. Jouissance. Abondante. Le foutre sur la peau, sur les draps. L’étranglement décuplant le plaisir. Apnée. Extase. Serrer encore plus fort, faire perdurer le bien être. Et encore actionner le frein au delà du plaisir. Douleur. Ressentir une vague de fourmillements du côté droit. Sentir le sang envahir le visage. Aller encore plus loin. Se voir devant une salle comble et comblée, qui applaudit l’onction extrême. Ovation obscène. Puis retrouver son souffle. Revenir sur terre. Un mouchoir. Essuyer le sperme, les larmes aussi. Jamais aussi bien servi que par soi-même, que par les réminiscences de celui qu’on a aimé, qu’on aimera toujours, mais avec qui l’on ne vivra plus, que l’on ne reverra plus. Souvenir d’un bonheur perdu, voilà ce qui faisait jouir Arthur, un songe, une volute. Triste constat pour une salope qui baisait à tout va. »

Ce troisième roman de Nicolas Reading est un brûlot de vie, un roman à vif, une histoire initiatique. Roman trash, roman poétique, “La Salope” porte un regard sans concession sur la société, dans la lignée des romans de Despentes, invoquant le “portrait de Dorian Gray” d’Oscar Wilde et le show de Jerry Springer.


Nicolas Reading

Nicolas Reading est simplement quelqu’un qui possède quelques velléités artistiques et qui au travers de l’écriture, de la peinture, de la photographie, et du théâtre, a eu envie de dire ce que la parole ne lui permettait pas. Son univers est parfois sombre, désenchanté, mais aussi poétique et sincère.
Au fil de ses différents ouvrages, se ressent l’influence de Baudelaire, Poe, Rimbaud, mais aussi la modernité de Virginie Despentes, ou encore la noirceur de Stephen King.